[PARIS] La Chine entre communisme et capitalisme
La Chine entre communisme et capitalisme. Aspects politiques et économiques (1949-2006).
En 1949, la République populaire de Chine est fondée par Mao Zedong et fait ainsi basculer une majeure partie de l’Asie dans le camp communiste. Pékin rompt bientôt les liens avec le grand frère soviétique pour créer sa propre voie communiste, fondée sur la petite paysannerie. Le leader charismatique Mao donne la priorité à l’application d’une idéologie utopique : le « Grand Bond en avant » (1958-1962) puis la « révolution culturelle » dès 1966 nuisent gravement au développement économique du pays.
Dès 1978, Deng Xiaoping amorce la rupture idéologique en initiant des réformes qui conduiront à l’adoption de « l’économie sociale de marché », où sont intégrés des éléments du capitalisme. Depuis, la Chine bénéficie d’un taux de croissance exceptionnel, lié à un phénomène de rattrapage économique et soutenu par la mobilisation de son immense main-d’œuvre et l’ouverture de son économie. Ce parcours original soulève trois types de questions :
- D’abord, comment définir « la voie chinoise de développement », véritable troisième voie entre communisme et capitalisme ? Quelles en sont les conséquences pour les chinois ? Est-ce un modèle pérenne ?
- Ensuite, quid de la démocratisation du régime qui aurait dû suivre la libéralisation économique ? De la répression sanglante des manifestations étudiantes sur la place TienAnMen en 1989 aux violations répétées des droits de l’Homme, le régime chinois ne desserre pas son emprise sur une population nombreuse, victime des inégalités de développement et qui pourrait contester les choix du Parti. Dans ce contexte, quelle est la légitimité du Parti communiste toujours parti unique au pouvoir depuis près de cinquante ans en Chine ? Quelle idéologie remplace le maoïsme ?
- Enfin, l’émergence de la Chine comme grande puissance économique et démographique est un défi au monde. Les inquiétudes sur l’intégration de la puissance chinoise au sein de la communauté internationale s’expliquent par la difficulté à définir la nature du régime chinois et ses objectifs.
A l’occasion de ce Café Histoire-Actualité organisé par l’Association Thucydide, le retour sur les causes et les moyens de l’évolution du régime chinois nous permettra de mieux comprendre les enjeux présents et à venir de l’ascension de l’Empire du milieu.
Quelques définitions
- Capitalisme : système caractérisé par la propriété privée des moyens de production économiques, et donc construit sur les logiques du marché.
- Communisme : doctrine théorisée au XIXe siècle entendant construire une société idéale fondée sur la communauté des biens, des travaux et des jouissances. Avec Marx apparaît le sens moderne du communisme comme “société sans classe et sans Etat”. Stade final, il est précédé d’une étape intermédiaire : le socialisme, qui socialise les moyens de production et d’échanges, condition de la fin de l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
- “Développement pacifique” : soucieuse de répondre aux inquiétudes suscitées au sein de la communauté internationale par son influence croissante, la Chine met l’accent sur son “développement pacifique”, source d’opportunités plus que menace pour le reste du monde, et son engagement en faveur d’un “monde harmonieux”. La diplomatie chinoise s’affirme ainsi, en 2005, comme celle d’une “nouvelle ère” (par opposition avec celle de la guerre froide), centrée sur les thèmes de “paix”, de “coopération” et de “développement”.
- “Économie socialiste de marché” : la Chine s’est elle-même dénommée “Économie socialiste de marché”, mais il s’agit en réalité d’une économie capitaliste étatisée et bureaucratisée. Pékin a adopté officiellement une économie socialiste de marché qui essaye de rendre compatibles les principes hérités de la collectivisation de l’économie mise en place depuis 1949 et ceux du capitalisme. Ce “grand écart” idéologique est le résultat de la politique mise en œuvre par Deng Xiaoping après son retour au pouvoir en 1978.
- Gardes rouges (Hongweibing) : groupe d’étudiants maoïstes radicaux, mandatés par Mao pour purger le parti communiste des opposants à sa politique.
- Maoïsme : idéologie développée par Mao Zedong, leader du Parti communiste chinois, qui prend le pouvoir en 1949. Fondé en théorie sur les écrits des “pères” du communisme (Marx et Engels), héritier chinois du stalinisme, le maoïsme présente cependant certaines caractéristiques qui le relient à la pensée, à la culture et à l’histoire de la Chine (il s’appuie sur la petite paysannerie).
- “Prospérité moyenne”, “Développement harmonieux” : objectifs établis lors du XVIe Congrès du Parti Communiste en 2002, ces expressions renvoient à la philosophie confucéenne et traduisent le souci du Parti d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres alors que les inégalités sociales et territoriales se creusent. Le 11è plan quinquennal (2006-2010) met ainsi l’accent sur les mesures sociales, notamment en faveur des campagnes (allègement de la fiscalité, accès à l’éducation de base et à la santé).
- “Responsible stakeholder”, “Puissance responsable” : ce concept, développé par Robert Zoellick, sous-secrétaire d’État américain en 2005- 2006, qualifie la Chine d’acteur essentiel et de partie prenante au sein du système international. Il implique également l’idée que la Chine ne doit pas chercher à transformer le système dans le sens de son intérêt propre. De son coté, la Chine cherche à s’affirmer comme une puissance globale responsable. Elle fait de plus en plus entendre sa voix pour promouvoir sa vision des relations internationales, en faveur d’un ordre multipolaire fondé sur le strict respect du principe de souveraineté.
L’intervenant
Barthélémy COURMONT, docteur en Sciences politiques, est chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), où il travaille sur les États-Unis, les questions nucléaires et les nouvelles menaces.
Parmi ses publications récentes : L’Asie orientale face aux périls des nationalismes (Lignes de Repères, 2006).
Hiroshima et la bombe atomique (Caen, Éditions du mémorial, 2005).
Terrorisme et contre-terrorisme : l’incompréhension fatale (Paris, Cherche midi, 2003).
L’ère des conflits asymétriques (Paris, PUF, 2003).
Les guerres asymétriques : conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces (avec Darko Ribnikar, Paris, PUF, 2002).
Documentation
Télécharger le livret documentaire distribué lors de ce Café Histoire
(Données générales ; Constitution de la R.P.C. (extraits) ; définitions ; biographies ; chronologie ; cartes, etc.)
La Chine entre communisme et capitalisme. Aspects politiques et économiques (1949-2006),
un Café Histoire organisé par l’association Thucydide
Intervenants
-
Barthélémy COURMONT