Guillotiné le 28 juillet 1794 à l’âge de vingt-six ans, en même temps que Robespierre, Louis-Antoine de Saint-Just a suscité la fascination de tous les historiens de la période révolutionnaire et inspiré de nombreux philosophes, artistes et écrivains.

Membre du Comité de salut public, auteur de rapports qui contribuèrent à bouleverser le cours de la Révolution, organisateur de la victoire aux armées, penseur des institutions républicaines et incarnation d’une Terreur fanatique, celui que Michelet surnommait l’archange de la mort a tout d’un personnage singulier. Alors que sa dernière biographie date de plus de trente ans, Antoine Boulant, publie une nouvelle biographie de Saint-Just (éditions Passés Composés) en s’appuyant sur les travaux les plus récents et de nombreuses sources d’archives pour brosser un portrait aussi rigoureux que nuancé de cet acteur de premier plan.

L’intervenant

Après avoir soutenu une thèse consacrée aux agents secrets du ministre des Affaires étrangères sous la Terreur à l’université Paris-Sorbonne, Antoine BOULANT a enseigné l’histoire-géographie, puis servi pendant dix-sept ans au Service historique de la Défense, où il a notamment été responsable de la communication des archives au public.
Auteur de nombreux travaux relatifs à l’histoire politique, institutionnelle et militaire de la Révolution et du Premier Empire, il a notamment publié :

• La Gendarmerie sous le Consulat et l’Empire (SPE, 2009),
• Les Tuileries, château des rois, palais des révolutions (Tallandier, 2016),
• Le Tribunal révolutionnaire : punir les ennemis du peuple (Perrin, 2018),
• Son dernier ouvrage, Saint-Just, l’archange de la Révolution , vient de paraître en 2019 aux éditions Passés Composés.

Vidéo

Cadrage/Montage : Alain Plouviez. (https://www.youtube.com/Medieval1)

Compte rendu

Personnage de premier plan de la période révolutionnaire, et ami le plus proche de Robespierre, Saint-Just méritait que lui fût consacrée une nouvelle biographie, trente-cinq ans après celle de Bernard Vinot parue aux éditions Fayard. Outre que plusieurs travaux ont été publiés depuis cette date, et que plusieurs sources – notamment les mémoires de certains contemporains – n’avaient pas été exploitées, il convenait de poser sur le jeune conventionnel un regard dépassionné, loin des hagiographies qui lui furent fréquemment consacrées.

Celui qui devait être appelé au sommet du pouvoir sous la Terreur n’eut qu’un rôle strictement local jusqu’à ses vingt-cinq ans. Né en 1767 dans la Nièvre, avant de s’installer avec ses parents dans l’actuel département de l’Aisne, Antoine de Saint-Just grandit dans un milieu rural et se trouve rapidement confronté aux difficultés des paysans, liées notamment aux abus seigneuriaux, à la concentration des terres et au triage des biens communaux. Après avoir étudié à la faculté de droit à Reims, sa précocité intellectuelle le conduit notamment à rédiger un ouvrage intitulé L’Esprit de la Révolution. Sa volonté farouche de prendre le parti de la Révolution et de jouer un rôle national l’amène également à combattre le seigneur local et à s’engager dans la garde nationale.

En septembre 1792, Saint-Just est élu député à la Convention nationale, où il siège rapidement parmi les Montagnards et auprès de Robespierre. Le discours qu’il prononce contre Louis XVI au moment de son procès frappe les députés par sa radicalité, avant qu’il ne s’implique dans les affaires économiques et militaires. En juin 1793, il devient membre du Comité de salut public, ce qui lui confère un pouvoir et une autorité considérables. Dès lors, le personnage peut être considéré sous plusieurs angles.

Saint-Just incarne le gouvernement d’exception qu’il contribue à mettre en place en octobre 1793. Promoteur d’une Terreur ayant pour objet de régénérer la société et de faire émerger le peuple révolutionnaire, il est chargé de prononcer devant la Convention les rapports d’accusation contre les Girondins, les hébertistes et les dantonistes, qui les conduiront devant le Tribunal révolutionnaire.

Théoricien des institutions, il expose à la Convention un essai qui aboutit à la Constitution de l’an I – qu’il contribue lui-même ensuite à mettre en sommeil – avant de rédiger ses Fragments d’institutions républicaines dans lesquelles il ébauche une cité idéale, dans laquelle les fonctionnaires sont soumis à la censure des citoyens, les enfants suivent une éducation d’inspiration spartiate et l’amitié est érigée en devoir. Sensible à la cause des indigents, il fait voter les décrets de ventôse (février-mars 1794) qui prévoient que les biens des ennemis de la Révolution seront distribués aux patriotes nécessiteux, mais se révèlent rapidement d’une application impossible.

Organisateur de la victoire, il est envoyé en mission à l’armée du Rhin puis à l’armée du Nord.  Faisant régner une justice implacable au sein des troupes, organisant des réquisitions destinées au ravitaillement des soldats, ordonnant de lever taxes et emprunts forcés, il contribue à la victoire des républicains et participe à la victoire de Fleurus (juin 1794).

Renversé avec Robespierre et ses principaux partisans, Saint-Just est exécuté le 28 juillet 1794, à quatre semaines de son vingt-septième anniversaire. Symbole de pureté mortifère, il ne cessera dès lors de fasciner écrivains, artistes et philosophes, parmi lesquels André Malraux et Albert Camus.

Documentation

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(Chronologie, illustrations, citations, textes)

Saint-Just, l’Archange de la Révolution,
un Café Histoire organisé par l’association Thucydide / Cafés Théma