[PARIS] Entre information et peurs collectives : grippes et épidémies dans les médias
Les grandes peurs collectives suscitées par l’hyper-médiatisation de la Grippe A (H1N1) font réfléchir sur l’influence des médias de masse sur nos peurs… de masse.
Pour évoquer cette grande peur médiatique, les Cafés Médias ont invité l’urgentiste Patrick PELLOUX et Paul CARO, scientifique. Patrick PELLOUX ayant dû annuler sa venue, seul Paul CARO a pu répondre aux questions d’un public nombreux, avide de comprendre la réalité de la « pandémie ».
Rappel : la folie médiatique durant la « pandémie » de 2009
La grippe mexicaine enfièvre (toujours) les médias, et la pub gouvernementale nous prend pour des cons ! – Par Claude-Marie Vadrot, Politis, vendredi 1er mai 2009.
Comme en 2005, la grippe est d’abord un phénomène médiatique alors que le paludisme tue chaque année un million et demi de personnes et la grippe ordinaire 7 500 en France chaque hiver. Cela n’empêche pas Madame Bachelot de continuer à surfer sur les angoisses qu’elle a inventées. On prépare les Européennes à la mesure de son intelligence politique. La grippe dite porcine, qui est plutôt mexicaine ou nord américaine, continue à faire bien plus de dégâts dans les médias que dans les populations. Elle me fait penser à la grippe aviaire qui, en 2005, fit beaucoup plus de victimes dans les journaux et à la télé que dans la réalité : un pneumologue de la Pitié-Salpêtrière à Paris, devenu « consultant » mais on ne sait d’ailleurs pas de quoi, nous avait annoncé, livre-brulot en main, qu’elle nous promettait 500 000 morts. Depuis quatre ans, elle a entraîné un peu plus de 200 décès dans les pays les plus pauvres, là où se soigner reste un luxe… Lire la suite sur le site www.politis.fr
La grippe H1N1 : une pandémie hypermédiatisée, au risque de la démesure – AFP – le 15 septembre 2009 – Site Lematin.ch
Depuis son apparition, la grippe H1N1, première pandémie du XXIe siècle, fait l’objet en France d’une couverture médiatique considérable que beaucoup jugent démesurée au regard de la bénignité actuelle du virus, même si les journalistes commencent à prendre plus de recul. Dossiers spéciaux, points quotidiens, décompte des morts, infos sur des « people » grippés… Les « Unes » de la presse, ouvertures de JT ou dépêches d’agence ont déferlé sur le sujet depuis mai. Les médias en font-ils trop ? Certaines rédactions s’interrogent (…). « Jamais la télévision n’avait décliné autant un sujet médical. Pour combien de morts ?! », s’emporte Marc Gentilini, président honoraire de la Croix-Rouge et spécialiste des maladies infectieuses. Il dénonce la « pandémie de l’indécence », alors que chaque année la grippe saisonnière tue jusqu’à 500.000 personnes dans le monde et le paludisme un million.
L’intervenant
Paul CARO, chercheur spécialiste des éléments des Terres Rares dont il a étudié la chimie, la spectroscopie et les propriétés physiques (…). Entré au CNRS en 1955, il a dirigé un laboratoire de 1967 à 1989 après un séjour aux États-Unis. Il est membre correspondant de l’Académie des Sciences et membre de l’Académie des Technologies. Paul Caro a commencé en 1980 une “carrière” dans le journalisme scientifique composée d’articles pour des journaux (Le Monde Dimanche) ou des revues, d’interventions à la télévision (TF1, La Cinq) et de chroniques radio régulières (France Culture, Radio Classique), puis, depuis 1994, d’entretiens avec des personnalités scientifiques pour la Lettre de l’Académie des Sciences dont il est depuis janvier 2007 le rédacteur en chef. Il a été de 1989 à 2000 délégué aux affaires scientifiques de la Cité des sciences et de l’industrie, position dans laquelle il a rédigé de nombreux textes sur la vulgarisation scientifique et l’éducation scientifique informelle. Il est membre depuis 1996 du Comité international d’évaluation de l’opération « Ciência Viva » lancée au Portugal pour diffuser la culture scientifique dans les milieux scolaires. Depuis 1992, il a été membre de comités internationaux chargés de rédiger des rapports pour la Commission européenne (DGXII) sur les questions d’éducation et de culture scientifique (…). Source : http://paulcaro.jimdo.com/paul_caro.php
La première chose sur laquelle on fait beaucoup d’erreurs, c’est qu’on croit que la liberté d’information, le droit à la liberté de la presse, c’est un droit du journaliste. Mais pas du tout, c’est un droit du lecteur du journal. C’est-à-dire que ce sont les gens, les gens dans la rue, les gens qui achètent le journal, qui ont le droit d’être informés. Ce sont les gens qui travaillent dans une entreprise, dans un chantier, dans un bureau qui ont le droit de savoir ce qu’il se passe et d’en tirer les conséquences.
Jean-Paul Sartre, 1973
Intervenants
-
Paul CARO