[PARIS] Julien BAYOU : Jusqu’où aller pour qu’une cause soit médiatisée ?

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Julien BAYOU - Café Média du 24 novembre 2009

[PARIS] Julien BAYOU : Jusqu’où aller pour qu’une cause soit médiatisée ?

Médiatiser une cause sur les grands canaux de diffusion, afin de la rendre lisible auprès du grand public, est devenu vitale aujourd’hui. Le point avec Julien BAYOU.

C’est tout un art, que de se faire connaître auprès des « grands médias », lorsque l’on défend des causes aussi peu « sexy » (terme à la mode dans les salles de rédaction) que la lutte contre les stages étudiants non-rémunérés ou les locations de taudis à des prix prohibitifs.

Greenpeace, Act-Up, Génération Précaire, Jeudi Noir, Les enfants de Don Quichotte, Collectif Restons vivants (Les « manifs de droite ») : ce ne sont là que quelques exemples d’associations, collectifs ou ONG (Organisations non gouvernementales) qui ont choisi d’aller parfois assez loin pour que les médias s’intéressent à leurs causes.

L’intervenant de ce Café Médias s’y connaît, en la matière : co-fondateur de Génération-Précaire, mouvement pour la réforme des stages, et de Jeudi-Noir, collectif des galériens du logement, Julien BAYOU viendra nous raconter comment il procède pour attirer caméras et micros, et diffuser ainsi une informations utile à toutes et tous, mais pas toujours « sexy ».

L’intervenant

Médiatiser une cause : Café Actu Médias avec Julien BAYOU - 24 novembre 2009Julien BAYOU, co-fondateur de Génération-Précaire et de Jeudi Noir. Après avoir été assistant marketing chez Oreka (fournisseur d’accès à Internet) en 2001, Julien Bayou a été webmaster et assistant de communication à l’association Max Havelaar France en 2002, pigiste pour le magazine Alternatives économiques en 2003-2004, chargé de mission à la Direction de l’évaluation et de la prospective au ministère de l’Éducation nationale en 2004-2005, menant parallèlement une mission de consultant pour l’UNESCO. Entre 2005 et 2009 il a été chargé de mission “Relations avec les plate-formes d’ONG du Sud” au sein de Coordination SUD. En 2009, Julien Bayou a créé une SCOP (Société Coopérative de Production) agence de conseil en mobilisation et communication pour ONG et organisations d’intérêt général. Parallèlement, il est co-fondateur de Génération-Précaire, mouvement pour la réforme des stages, et de Jeudi-Noir, collectif des galériens du logement, et est également bénévole au sein d’autres associations : MACAQ (Mouvement d’Animation Culturelle et Artistique de Quartier), RAIDH (Réseau d’Alerte et d’Intervention pour les Droits de l’Homme), Cellule Françafrique, pour une autre politique de la France en Afrique.

À lire pour mieux comprendre ce phénomène

« Médiatisé, un conflit social a plus de chances de réussir »– Article du journal Le Monde daté de juillet 2009. Consultable sur le site http://partisocialiste.anzin.over-blog.com

La médiatisation a-t-elle prouvé son efficacité pour satisfaire les revendications ?

Il n’existe pas d’étude historique globale, mais il est sûr qu’un conflit médiatisé a plus de chances de réussir. Derrière les médias, on cherche à convaincre à la fois l’opinion et les pouvoirs publics. Et c’est relativement efficace. Vis-à-vis de l’opinion, il s’agit avant tout d’alerter en disant : « Nous sommes victimes d’un plan social, il peut en être de même pour vous demain. »

Pour les pouvoirs publics, les réactions sont souvent immédiates lors de telles actions médiatiques. Le préfet se rend souvent directement sur les sites que les salariés menacent de faire exploser. Par exemple, quand les Nortel ont menacé de faire exploser leur usine, ils ont obtenu rapidement un rendez-vous avec Christian Estrosi, le ministre de l’industrie, en échange du retrait des bonbonnes de gaz. Après, les pouvoirs publics ont un pouvoir limité sur les entreprises privées. Mais ils peuvent parfois chaperonner une reprise des négociations ou faire pression sur les dirigeants.

Mais cette nécessité d’attirer les médias ne risque-t-elle pas d’alimenter la radicalisation ?

En effet, les journalistes ont horreur du banal. Les salariés ont donc intérêt à sortir de l’ordinaire soit en terme de légitimité de leur lutte, soit en terme de moyen d’action. C’est un phénomène relativement classique. Les manifestants cherchent ce qui va attirer les médias, en se référant notamment aux conflits précédents. En 1986, lors du conflit Devaquet (le ministre de l’éducation Alain Devaquet souhaitait instaurer une sélection des étudiants à l’entrée des universités), il y avait ainsi des commissions médias qui étaient chargées de trouver les manifestations les plus spectaculaires pour attirer les médias.

Ce n’est pas le seul élément qui pourrait favoriser une radicalisation. Face au manque d’avancée après les grandes mobilisations interprofessionnelles, les confédérations syndicales ont dit que la lutte se poursuivrait au niveau local, pour éviter d’appeler à la grève générale. Mais les syndicats risquent d’être pris à leur propre piège, parce que les déclinaisons locales peuvent prendre des tournures beaucoup plus dures que prévues.

usqu’où aller pour qu’une cause soit médiatisée ? - Café Média avec Julien BAYOU


La première chose sur laquelle on fait beaucoup d’erreurs, c’est qu’on croit que la liberté d’information, le droit à la liberté de la presse, c’est un droit du journaliste. Mais pas du tout, c’est un droit du lecteur du journal. C’est-à-dire que ce sont les gens, les gens dans la rue, les gens qui achètent le journal, qui ont le droit d’être informés. Ce sont les gens qui travaillent dans une entreprise, dans un chantier, dans un bureau qui ont le droit de savoir ce qu’il se passe et d’en tirer les conséquences.
Jean-Paul Sartre, 1973


Jusqu’où aller pour qu’une cause soit médiatisée ?
un Café Actu-Médias organisé par l’association Thucydide

Cafés Actu Médias - Association Thucydide

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Date

24 novembre 2009

Heure

19 h 30 - 21 h 00
Catégorie

Intervenants

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